STRESS AU TRAVAIL, RELAXATION AU TRAVAIL
Le stress au travail est un phénomène de plus en plus étudié. Il peut avoir des conséquences néfastes sur la santé des employés.
Voici quelques chiffres provenant d’une enquête réalisée par Kelly Services en octobre 2005, se basant sur 19 000 personnes européennes : 28 % des Français considèrent que le travail est trop stressant ; le niveau de stress augmente de façon significative avec l’âge allant de 22 % pour les 15-24 ans à 33 % pour les plus de 45 ans ; les travailleurs les plus soumis au stress travaillent dans la vente/service à la clientèle (36 %), le management (33 %), l’ingénierie/production (29 %), ressources humaines (28 %), administration (27 %) et comptabilité (22 %).
On constate une corrélation entre le stress et la satisfaction au travail. Parmi les salariés qui estiment subir trop de stress, seuls 53 % se disent heureux au travail. En revanche, pour les salariés qui disent se sentir moins stressés, le taux de satisfaction au travail est de 76 %.
LE MODÈLE THÉORIQUE DU STRESS AU TRAVAIL
Le modèle théorique du stress au travail le plus répandu est celui de Karasek, chercheur américain. Il se base sur une étude qu’il a réalisée sur 4995 personnes (R. Karasek, « occupational distribution of psychological demands and decision latitude », International journal of Health Services, 1989). Il a étudié le stress professionnel à partir de deux axes : la demande (ou contrainte professionnelle ou charge de travail) et la possibilité de contrôle de l’individu (ou latitude de décision ou marge de manoeuvre) sur son travail.
Il émet l’hypothèse que le stress survient dans des situations de travail associant des exigences professionnelles élevées (une forte charge de travail) et un faible contrôle sur celles-ci. Ce modèle permet de classer les métiers en fonction des deux caractéristiques proposées par Karasek. Nous avons quatre situations de travail possibles (présentées dans le tableau page suivante) :
• Travail contraignant : la charge de travail est importante et la marge de manœuvre est faible. C’est le cas des serveurs de restaurant, des standardistes, des ouvriers travaillant à la chaine.
• Travail peu contraignant : la charge de travail est faible et la marge de manœuvre est importante. C’est le cas des chercheurs par exemple.
• Travail actif : la charge de travail et la marge de manœuvre sont importantes. Cela concerne les médecins, les dirigeants d’entreprise ou encore les agriculteurs.
• Travail passif : la charge de travail et la marge de manœuvre sont faibles. C’est le cas des gardiens de nuit par exemple.
La situation de travail la plus favorable en termes de stress, est celle qui combine un contrôle élevé (ou marge de manœuvre) et des demandes de travail basses. La situation la plus contraignante associe des demandes de travail élevées et un contrôle faible.
LES PRINCIPALES CAUSES DE STRESS EN MILIEU PROFESSIONNEL
Tous les aspects du travail peuvent être vécus comme des contraintes, c’est pourquoi nous ne mentionnerons que les facteurs de stress régulièrement ressentis comme des contraintes par la plupart des travailleurs.
LES CAUSES DE STRESS LIÉES À L’ORGANISATION DU TRAVAIL
• Rythme au travail :
Quand le contrôle du rythme de travail est exigeant, il peut engendrer un stress : par exemple, lorsqu’il faut respecter un délai ou assurer un rendement.
Le travail de nuit est une situation professionnelle où les personnes travaillent la nuit et dorment le jour. Il perturbe les rythmes circadiens et la vie sociale. La perturbation des rythmes circadiens est responsable d’un sommeil profond de moins bonne qualité et de quantité moindre. Le sommeil profond est une phase du sommeil durant laquelle l’activité cérébrale diminue et que la personne récupère le plus sur le plan physique.
La flexibilité du temps de travail permet l’allongement des horaires de travail par période, selon les nécessités de l’entreprise. La vie familiale et privée en est désorganisée chez des salariés habitués à des horaires réguliers.
Les longues journées de travail sont fréquentes et résultent souvent d’une surcharge de travail. Elles traduisent parfois le présentéisme du soir essentiel à l’obtention d’une promotion dans l’entreprise, ou encore la nécessité de travailler chez soi.
• Les manifestations physiques :
Elles interviennent à l’interface entre le salarié et le cadre de travail. Elles peuvent etre responsables de répercussions sur la santé et le comportement de la personne en fragilisant ses ressources d’adaptation. Ainsi une lumière éblouissante ou insuffisante, un bruit intense ou répétitif, des conditions extremes de température ou d’humidité, une odeur incommodante peuvent avoir un caractère néfaste.
Cela peut etre dans d’autres circonstances un sentiment de peur ressenti par la personne lorsqu’elle travaille dans des environnements à risque. L’exposition aux risques et au danger est considérée comme l’un des facteurs les plus nuisibles.
• La charge de travail :
Lorsque que le travailleur se retrouve en situation de surcharge de travail, que ce soit une surcharge quantitative, qualitative ou mixte, on observe des plaintes liées au stress, se manifestant souvent par des troubles psychologiques, tels que l’anxiété, la dépression ou une diminution de l’estime de soi. On retrouve ces symptômes dans le burn-out (ou syndrome d’épuisement professionnel).
Un travail trop simple et répétitif, appelé communément « la routine », peut provoquer ces mêmes effets.
• L’interface vie privée – vie professionnelle :
Les moyens de communication, comme le téléphone portable et les boites de messagerie via Internet, restreignent les limites séparant le travail et la vie privée.
Au niveau familial, il existe un conflit des rôles : les femmes sont de plus en plus présentes sur le marché de l’emploi et occupent parfois des postes à haute responsabilité, nécessitant le partage des tâches ménagères avec le conjoint.
Les soucis de la vie privée sont ressentis dans le milieu professionnel et inversement.
• Les changements incessants :
Le changement se définit comme un stress, c’est-à-dire comme la réponse d’adaptation de l’individu face au changement. Dans les grandes entreprises, les restructurations organisationnelles et les fusions sont fréquentes. De plus, la mobilité professionnelle s’accélère chaque année : les changements de postes sont coutumiers au sein des firmes, notamment pour les cadres. Le changement du mobilier, ou des outils informatiques oblige l’employé à se former constamment.
• Les relations interpersonnelles au travail :
Les conflits avec les autres personnes peuvent miner le quotidien au travail. Que ce soit avec un collègue, un collaborateur ou un supérieur, qu’il s’agisse d’enjeux importants ou non, ce conflit est physiquement et psychologiquement épuisant.
Il existe aussi des conflits de rôles, l’employé se trouve pris entre deux feux, par exemple lorsqu’il est soumis des ordres contradictoires par deux supérieurs hiérarchiques.
Le manque de solidarité et de confiance entre collègues a considérablement augmenté après les années 1970, lorsque la menace sur l’emploi ou l’acquisition d’une promotion entraine une certaine compétitivité.
• Les perspectives de carrière :
Les grandes structures hiérarchisées ne favorisent pas la participation aux décisions, qui est en soi un facteur de satisfaction au travail.
Lorsqu’une personne n’évolue pas ou trés peu dans sa carrière, elle peut avoir le sentiment d’insatisfaction et donc de stress.
L’insécurité de l’emploi est une source fréquente de stress.
LES CAUSES DE STRESS LIÉES AUX RESSOURCES INDIVIDUELLES
Devant les différentes réactions d’individus face à un meme événement ou situation, il convient de s’intéresser aux variations individuelles.
Selon le profil de la personnalité de l’individu, l’impact du stress peut se manifester de différentes façons. On distingue trois types de personnalité :
Le profil de type A est organisé autour de l’impatience, de l’affirmation de soi, d’une rapidité de paroles et de gestes, d’une ambition dans le travail et de l’engagement dans une lutte permanente avec un souci de productivité. Ce sont des personnes qui luttent constamment contre le temps (plusieurs activités en meme temps), mais aussi contre les autres (esprit de compétition), et qui présentent des états émotionnels hostiles fréquents en société (agressivité et colère).
La personnalité de type B est un profil plus adapté et équilibré, sous-tendu par un rapport plus décontracté au temps et aux autres, et une bien moindre tension physique. La personne peut se relaxer sans culpabiliser. Ces individus ont une bonne adaptation sociale. Ce comportement serait protecteur et garant de bonne santé.
Le type C regroupe les traits caractéristiques suivants : soumission, esprit de conciliation, répression de l’hostilité, effacement des besoins personnels, et vulnérabilité dépressive. Ce profil est appelé aussi « répresseur », dû à la répression des émotions de l’individu. Le type C est l’opposé du type A.
Selon le type de personnalité des individus, on constate des manifestations pathologiques distinctes