Les Pouvoirs de la Respiration
L’activité respiratoire joue un rôle dans la conscience de soi
Des recherches récentes indiquent que la respiration synchronise l’activité cérébrale et joue un rôle dans la conscience de soi.
Quand elle est perturbée, les émotions s’emballent et les performances cognitives baissent.
Le souffle et notre cerveau sont si étroitement liés que la respiration a une influence décisive sur notre psychisme.
L’origine évolutive de cette possibilité étonnante de « jouer » avec sa respiration pour améliorer ses conditions cérébrales reste mystérieuse. Il est possible qu’il s’agisse d’une adaptation ancestrale à un mode de vie semi-aquatique : c’est un avantage certain quand il faut plonger pour accéder à des ressources alimentaires, comme des poissons ou des coquillages.
Le cerveau et la respiration interagissent
Quelle que soit son origine, cette particularité est permise par un double système de contrôle : certaines zones du tronc cérébral assurent le pilotage automatique et inconscient de la respiration, tandis que des régions corticales peuvent prendre le dessus et imposer un rythme particulier.
Pour régler ce complexe ballet, le cerveau se fonde sur une multitude d’informations remontant du corps et de notre respiration. La communication est donc double : le cerveau influence la respiration et la respiration influence le cerveau.
La conséquence est à double tranchant : quand le souffle est perturbé par une maladie, notre cerveau et notre psychisme en souffrent gravement ; mais nous pouvons aussi récupérer cette influence à notre profit, par le biais des exercices respiratoires. Les approches traditionnelles, comme le yoga ou la méditation, exploitent d’ailleurs depuis longtemps la possibilité de réguler volontairement son souffle pour améliorer son état de conscience à travers une série de techniques pour calmer l’anxiété.
Ces fonctions travaillent en permanence, sans qu’on s’en aperçoive – un phénomène poétiquement qualifié de « silence des organes ».
En ce moment, sentez-vous que votre cœur bat ? Non.
Sentez-vous que vous respirez ? Non plus.
Enfin, vous ne le sentiez pas avant d’y prêter attention…
Et maintenant que vous y prêtez attention, sentez-vous l’interaction entre les deux ?
L’activité du cerveau oscille au rythme de la respiration
La respiration participerait aussi à la construction par l’organisme de sa propre identité, de la conscience de soi corporelle (en anglais « bodily selfconsciousness »). C’est elle qui nous permet de savoir à tout instant que notre corps nous appartient et que nos expériences conscientes lui sont liées.
La conscience de soi dépendrait donc de la respiration, même si, bien sûr, ce n’est pas exclusif.
Conséquence de cette influence de la respiration sur le psychisme, quand l’une est perturbée, l’autre l’est aussi.
Agir sur sa respiration pour agir sur son esprit
Heureusement, le pouvoir du souffle sur nos émotions peut être utilisé pour notre bien-être !
En se concentrant sur sa respiration, on peut accéder à toutes sortes de sensations associées : on perçoit l’air qui passe dans le nez, on l’entend s’engouffrer en nous, on sent les poumons et le ventre se gonfler …
Cette faculté forme la base de la plupart des exercices respiratoires prônés par le yoga, la méditation et toutes les autres interventions corps-esprit.
La respiration influence la neuroplasticité dans le cerveau
Très schématiquement, la plupart des exercices respiratoires visent à obtenir deux types de résultat : d’une part, une respiration consciente et contrôlée ; d’autre part, une respiration plus lente, ample et régulière.
Certaines cultures présentent ces techniques comme des remèdes miracles, leur attribuant des vertus qui vont bien au-delà de ce qui est réellement démontré par la science. Ils n’en exercent pas moins un réel effet apaisant, comme l’attestent de plus en plus d’études.
À long terme, les exercices respiratoires modifient durablement l’organisation et le fonctionnement de certains circuits cérébraux, au travers de mécanismes de neuroplasticité. Ce terme désigne la capacité du cerveau à se modifier tout au long de la vie, par exemple lors d’un apprentissage. Chez les guitaristes, la zone du cortex qui reçoit les informations sensorielles en provenance de la main gauche est ainsi plus étendue que chez les autres. De même, la représentation corticale du diaphragme augmente en taille et en sensibilité après seulement quelques jours d’entraînement à la « respiration diaphragmatique », à raison de quelques minutes par jour.
La méditation modifie ainsi l’activité de nombreuses aires cérébrales, voire leur volume, grâce aux exercices respiratoires.
Les bénéfices obtenus grâce au travail du souffle et la volonté de développer des « rééducations respiratoires » pour certaines pathologies ont inspiré une autre tentative : modifier la respiration automatique.
L’idée est de rendre la respiration à la fois consciente mais aussi plus lente et plus profonde, de façon à rester constamment calme et apaisé tout en influençant les zones cérébrales correspondantes….
À l’âge adulte, nous avons une façon de respirer qui nous est propre, mais par le biais du contrôle volontaire, la respiration nous offre un puissant moyen d’influer sur notre état psychologique.
Découvrez le Dossier Complet – Les Pouvoirs de la Respiration
Magazine Cerveau & Psychos – N° 103 – Octobre 2018